Laurent Garcia
député MODEM
2ème circ. de Meurthe et Moselle
fossoyeur de la distribution de la presse
La loi de modernisation de la distribution de la presse, dont vous
étiez le rapporteur vient de porter ses fruits. La filière est
démantelée. Le tribunal de commerce de Paris a prononcé la
liquidation de l’entreprise SAD, vendredi 15 Mai à 15 heure.
Comme l’indiquait votre rapport : « les
sociétés qui assurent la distribution de la presse ne seront […]
plus tenues d’avoir leur capital majoritairement détenu par
les coopératives d’éditeurs ».

Depuis 1994, le taux
de rémunération des NMPP est passé de 14 % à moins de 5 %
aujourd’hui pour Presstalis il a donc pratiquement été divisés
par trois !
Cette baisse spectaculaire des coûts résulte notamment d’une
diminution drastique des effectifs : en 1994 il y avait 3 479
salariés.(site du Sénat : Projet de loi des finances
1996 ), aujourd’hui il en reste 402 (siège social et centre
d’exploitation à Bobigny). Mais à casser les prix comme des
camelots de foire, pour satisfaire à la concurrence « libre et
non faussée », Prestaliss dépose le bilan.
Dommage car les salariés avaient déjà donné.
Plus de 500 salariés SAD, sous-traitant de Presstalis, sont
aujourd’hui menacés de chômage, ils sont répartis dans les dépôt
de presse provinciaux pour assurer la distribution quotidienne dans
les départements . Au total, la filière presse concerne 80 000
emplois, du rédacteur au kiosquier.
Rappelons que c’est un exploit au quotidien, TOUS les jours
week-end et fériés compris, d’écrire, concevoir, répartir et
acheminer 6 000 titres dans 22 000 points de vente, de
faire remonter les invendus, d’assurer le financement de l’édifice
entre les vendeurs, les imprimeurs et les éditeurs. Ce n’est pas
seulement, livrer des journaux, c’est aussi assurer une remontée
en temps réel des ventes au numéro, par kiosque et par journal, ce
qui permet d’ajuster au mieux, les quantités d’impression
nécessaires.
Notre système, n’en déplaise au thuriféraires du marché, était,
avant votre intervention, le meilleur et le moins cher. C’est ce
que démontre l’enquête N°2008-M-061-01 réalisée par
l’Inspection générale des Finances, « La situation de la
presse quotidienne dans quatre pays européens ».
Le réseau est désormais à terre. C’est un drame humain, pour des
centaines de salarié(e)s qui ont assuré l’acheminement de
l’information pendant la crise sanitaire. C’est aussi un coût
porté à la démocratie, au débat, à la liberté de l’information.
Nous ne sommes plus aujourd’hui en mesure d’assurer la
distribution de la presse en France de façon équitable.
Au delà du drame social et de la crise, la faute morale est
impardonnable. La loi Bichet fut mise en place à la libération
parce que la plus grande partie du patronat de la presse avait
collaboré avec l’occupant. Ceux qui clamaient « plutôt
Hitler que le front populaire », avaient fait un vrai choix
éditorial, diffuser la presse du Maréchal, dénoncer les
résistants.
Parce que le pire était arrivé, le CNR édicta des règles visant
à mettre la distribution de la presse a l’abri des convoitises et
de la spéculation. Tous les titres de journaux, tous sans exception,
bénéficièrent alors du même service, d’un même réseau pour
que l’information soit disponible, partout, pour toutes et tous.
Cette logique c’est la péréquation, la mise en commun des moyens,
pour que les plus nantis (par exemple, le groupe Bolloré) et les
plus pauvres (la presse indépendante, l’Humanité, Politis, le
Canard Enchaîné, etc) aient un accès commun à l’édition.
Cette vision démocratique de l’offre ne fut jamais du goût des
grands groupes à la solde de quelques milliardaires, qui ont obtenu
que la législation soit simplifiée et se soumette à la seule
logique du marché. Ces médias puissants sont en train d’organiser
leur propre diffusion, à leur unique profit, et que le reste crève !
La CGT a multiplié les mises en garde alors que vous annonciez votre
intention de réformer la Loi Bichet, peine perdue, vous vous êtes
obstiné à barbouiller avec suffisance et ignorance un pan de
l’Histoire, où Zola, Hugo, Jaurès, Camus, Sartre se sont
distingués Vous resterez l’auteur d’un tripatouillage médiocre
saccageant près de deux siècles de combats pour la liberté de
penser et d’écrire.
Au moins êtes vous cohérent avec les gouvernements qui se succèdent
depuis prés de quarante ans, vous avez géré la distribution de la
presse, comme les lits d’hôpitaux, les salles de classes, la
sidérurgie, la sécurité sociale, une gestion par le vide
pompeusement appelée « simplification ».
Les travailleurs du Livre, avec leur syndicat CGT, font appel de la
décision du Tribunal. Ils ne seront pas payés, jusqu’à ce
jugement parce que , en grève, ils se battent contre les
conséquences de vos actes.
Votre nom restera associé à l’histoire de la presse, comme un
général Nivelle, chamarré d’incompétence, précipitant des
centaines de familles dans la précarité . Vous resterez le député
Garcia, fossoyeur de la presse écrite.
Salutation d’usage de bas de lettre
Jarville le 17 Mai 2020
Les travailleurs CGT SAD de Jarville en lutte
les retraités cgt NMPP / Prestaliss
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