Sur le bassin
nancéien, la résistance sociale s’est parfois distinguée par des
combats où le pot de terre fit mettre le genou à terre au pot de
fer. Les luttes sociales sont difficiles, demandent beaucoup
d‘énergie, beaucoup d’unité, beaucoup de solidarité, et
parfois, ça paye.
Il n’y a pas
d’analyse savante, méfions nous des crétins, absents des luttes,
qui savent si bien dire, après, ce qu’il fallait faire avant.
Il n’y a pas
beaucoup de certitudes..
"Ceux qui
luttent, ne sont pas sûrs de gagner, mais ceux qui ne luttent pas
ont déjà perdu"
Que
dire d’autre?
Il n’y a pas de
«petits» conflits
La CGT à Nancy, a
mis la main à la pâte dans de nombreux conflits, pas forcément
gagnés d’avance.
Malora en 2006 ou
une poignée de salarié-e-s, déja licencié-e-s, occupent leur
boîte pendant 130 jours et sauvent le site de production promis à
la spéculation immobilière.
Castorama à Essey ,
en 2003, une dizaine de salariè-e-s refusent le passage en force
d’une nouvelle enseigne, et la perte de leur statut, 10 mois
d’occupation. Les avocats du groupe Castorama viendront à
l’Union locale CGT de Nancy, pour acter le dédommagement et les
indemnités des salariés.
La Clinique
Majorelle, vers 2007 vivra un conflit long, mené essentiellement par
le jeune syndicat CGT, pas encore majoritaire dans l’établissement.
28 femmes sur 350 salarié-e-s se mettent en grève . Elles feront
plier la direction , qui voulait externaliser le travail du
nettoyage, dans la clinique et au niveau national. Elles feront plier
les fonds de pension américains, actionnaires majoritaires, qui
voulaient pressuriser la masse salariale, sur l’ensemble des
cliniques du groupe en France.
28 femmes
inexpérimentées, mais oh combien décidées, 28 copines formidables
ont mis un coup de boule au capital.
La seule fortune de
ces combats résidait dans la rare détermination des femmes et des
hommes acteurs(trices) de ces résistances sociales. Une rage d’en
découdre, et ne pas se laisser faire, qui valait toute autre
démarche politique.
Qui l’eut cru?
Qui aurait misé la moindre thune sur ces conflits? Et pourtant .
21 salariés en
lutte
En ce moment, depuis
le 11 Mai, à Jarville à la S.A.D. (société agence diffusion),
filiale de Prestaliss, 21 salariés sont en grève pour refuser la
liquidation de leur entreprise prononcée le 15 Mai par le tribunal
de Commerce de Paris.
512 salariés en
France sont liquidés de la sorte, de Lille à Marseille.
Depuis 1947, la
distribution de la presse est organisée de façon à ce que, petits
éditeurs ou groupes médias puissants, soient distribués avec les
mêmes moyens, comme le voulait le C.N.R. Chaque journal cotise,
selon ses moyens, ce qui permet d’entretenir un outil commun, et
servir la presse dans 22 000 points de vente, équitablement.
Depuis des dizaines
d’années, les groupes les plus puissants sont devenus les
opérateurs du système, ils sont administrateurs et clients à la
fois. Ils ont pesé pour que Prestaliss réduise la facturation
(passée de 14% en 1994 à 5% en 2017, au prix de 3100 suppressions
d’emplois sur 3500).
Ces groupes sont
aidés par l’État, CICE, aides à la presse (le Figaro touche
16 millions d’€, le Monde aussi), mais ce n’est
pas assez. Aussi, la Macronie bienveillante a décidé, au titre de
la «modernisation» de la presse, de vider la loi Bichet de
son sens. C’est Laurent Garcia, député Modem de la 2eme
circonscription de Nancy, qui s’est collé au rapport , une des
conclusions est de vendre les coopératives de diffusion, le tribunal
obtempère et liquide.
Les salariés se
sont rendus à la permanence du député fossoyeur et lui ont
demandé:» quel est le plan de diffusion de la presse désormais?»,
on attend encore la réponse.
L’État vient de
mettre le réseau à terre et n’a pas de solution pour poursuivre
la diffusion démocratique de la presse. Sous peu, 10 000 kiosquiers
vont mettre la clé sous la porte. La seule perspective est celle des
grand groupes, les médias les plus riches seront distribués en
priorité, que les petits titres crèvent!
Les marchands de
journaux se plaignent, à raison, de leurs étals vides, la faute à
la CGT en grève pensent-ils. C’est le lock out de l’État et des
éditeurs qui est en train de les tuer.
A Jarville, les 21
salariés concernés ont assuré la diffusion des journaux pendant la
crise sanitaire, salués par le chef de l’État, virés à la fin
du confinement. Durant la crise Covid, ces salariés ont fait livrer
des journaux invendus aux résidents des EHPADs, privés de visite.
La diffusion de la
presse est un travail difficile, toujours de nuit, incluant week-end
et fériés. La SAD de Jarville voit passer des dizaines de titres
toutes les nuits, à minima 20 de tonnes de journaux par nuit, qu’il
faut trier et acheminer, à la première heure dans les kiosques de
la région grand est.
Ces salariés
bossent à la suite de leurs collègues imprimeurs, qui, dans le
bâtiment voisin mettent sous presse toutes les nuits , les
quotidiens nationaux . L’impression en province permet de mettre
moins de voitures sur les grands axes routiers et servir au plus prés
les kiosques de l’est de la France, voire des pays limitrophes. Au
niveau national, ce sont 22 000 points de ventes qui sont irrigués
toutes les nuits.
Le centre
d’impression et de diffusion de Jarville existe depuis 1979. Les
salariés ont toujours été syndiqués à prés de 100% (CGT du
Livre Parisien), en grève à 100% chaque fois qu’il le
fallait. Le site de Jarville compte prés de 50 salariés avec
l’imprimerie Nancy-Print.
Pour casser le
statut des travailleurs du Livre, pour casser l’outil syndical, les
patrons et l’État sont prêts à casser l’outil industriel.
Mise en place
d’une
solidarité financière
Depuis le 11 Mai,
les salariés de Jarville comme dans toute les villes de France, avec
les 512 salariés promis au chômage, ont décidé de résister à
l’offensive libérale. Ils aiment leur boulot , ils ne veulent pas
d’une distribution au rabais, au seul profit de la presse des
grands groupes.
Ils ont fait appel
de la décision du tribunal de commerce de Paris , cette procédure
mettra 3 à 5 semaines à aboutir, 3 à 5 semaines sans paye, bien
sûr. Ils font face au mépris des grands groupes , à l’arrogance
des politiques signataires de la mort de la Loi Bichet.
La CGT met en place
une solidarité financière pour qu’ils puissent continuer le
combat. C’est beaucoup demander à celles et ceux qui ont déjà
donné, pour la lutte exemplaire des cheminots, les soutiens aux
Camarades convoqués par les flics, celles et ceux qui ont aussi
donné des jours de grève contre la réforme des retraites.
Ces 21 salariés ont
besoin de votre soutien, ils portent un lourd fardeau, celui de
maintenir et d’améliorer une distribution démocratique des idées,
face à la puissance des groupes , face à l’État.
C’est un combat
vieux de deux siècles. Le Droit , de penser , d’écrire , de
diffuser a été arraché à l’église et à la monarchie. Au cœur
des révolutions du 19 eme siècle, puis porté durant les
résistances sociales , écrire diffuser sous l’occupation ,
pendant la guerre d’Algérie. Ce droit distingue un peuple qui
lutte d’un troupeau qui se soumet.
Collectif de
soutien aux salariés SAD en lutte
envoyez vos chèques
à solidarité SAD, Union Locale CGT 17 rue Drouin, Nancy
à l’ordre de « UL
CGT »,
mettez un post it
« solidarité SAD »